Dans les bandes dessinées, le chien intelligent est très présent. Il fait même parfois preuve de supériorité intellectuelle face à son maître : ils sont ainsi capables de percer des malfaiteurs à jour comme Milou, d’avoir des réflexions philosophiques comme Snoopy ou des réactions humaines comme Bill. Dans les énigmes policières, on fait appel à eux pour leur flair sans égal. Dans la vraie vie, on les exhibe dans des concours de dressage ou d’agilité… Cependant, qu’en est-il exactement de l’intelligence canine ? Selon quels critères peut-on affirmer qu’un chien est intelligent ? Quelles sont les races de chien les plus intelligentes ? Enfin, un chien peut-il être tout simplement bête ?
L’intelligence des chiens, qu’est-ce-que c’est ?
Selon le psychologue canadien Stanley Coren, qui a publié une classification des races de chiens les plus intelligentes, l’intelligence des chiens se décompose en trois grandes lignes : l’intelligence instinctive, l’intelligence d’adaptation et l’intelligence de travail. Si la première est génétique et représente environ 51% du quotient intellectuel canin total, les deux autres dépendent de l’environnement dans lequel évolue l’animal. Un test de 12 questions puisant tour à tour dans les capacités dites « d’adaptation » et « de travail » permet, par ailleurs, de procéder à une évaluation complète de chaque chien.
L’intelligence instinctive
Cette forme d’intelligence dépend de la race, et donc de facteurs génétiques. Elle peut se présenter sous différentes formes : par exemple, certains chiens sont naturellement portés à monter la garde, surveiller les troupeaux, jouer avec les enfants… Ce sont des activités que ces chiens exécutent spontanément, sans avoir besoin d’en passer par un apprentissage particulier.
L’intelligence d’adaptation
C’est la capacité du chien à tirer spontanément parti de son environnement pour trouver la solution à des problèmes. Sont concernées notamment :
- La mémoire (courte)
- La faculté d’observation
- La capacité à tirer des conséquences de causes
Selon le test de Stanley Coren, vous pouvez mettre votre chien à l’épreuve de différentes façons pour évaluer son intelligence d’adaptation :
- Cachez une friandise dans la pièce où vous vous trouvez et calculez le temps que met l’animal à la retrouver (moins de 5 secondes, quelques minutes…)
- Placez une serviette sur le chien et calculez le temps qu’il met à s’en débarrasser
Placez un obstacle sur son passage comme une barrière et calculez le temps qu’il met à le vaincre - Allez jusqu’à la porte, combien de temps votre chien met-il à vous rejoindre ?
Vous avez changé vos meubles de place, votre chien s’en aperçoit-il ? Comment réagit-il ?
L’intelligence de travail
C’est le critère pris en compte par Stanley Coren pour distinguer les chiens les plus intelligents. Ce qu’il appelle l’intelligence de travail équivaut, en réalité, aux capacités d’obéissance du chien, qui le rendent particulièrement réceptif aux ordres et, donc, apte à être dressé. Un chien doté d’une bonne intelligence de travail est un animal auquel il sera facile d’apprendre toutes sortes de choses : des tours d’adresse, un vocabulaire varié… et surtout, de nouveaux ordres, qu’il assimilera plus ou moins rapidement.
Chien intelligent : le top 10 des races intellectuellement supérieures
L’intelligence de travail ou, plus exactement, la capacité d’un chien à comprendre un nouvel ordre et à y obéir, est donc le seul critère qui a été pris en compte par Stanley Coren pour sa classification des chiens les plus intelligents.
Il a distingué, au total, 79 races, divisées en trois groupes :
- Moins de 5 répétitions de l’ordre et obéissance dès la première commande à 95% du temps (10 races répertoriées, détaillées ci-dessous)
- 5 à 10 répétitions de la nouvelle commande et obéissance du premier coup à 85% (16 races répertoriées dont le braque allemand, le springer anglais, le malinois)
- 15 à 25 répétitions nécessaires de la nouvelle commande pour que le chien y obéisse, obéissance à la première à 70% (13 races répertoriées dont le bouvier des Flandres, le setter irlandais, le dalmatien)
- 45 à 49 répétitions ; obéissance à la première commande à 50% (15 races répertoriées dont le husky, le boxer, le teckel)
- 40 à 80 répétitions, obéissance à la première commande à 30% (15 races répertoriées dont le bouledogue français, le bobtail, le bull terrier)
- 80 à 100 répétitions, obéissance à la première commande à 80% (9 races répertoriées, dont le pékinois, le bulldog et le lévrier afghan, qui occupe la toute dernières position du classement).
1. Le border collie
Connu pour ses performances dans les concours, le border collie arrive en tête du classement, ce qui n’est guère étonnant puisqu’il s’agit d’une race qui excelle dans les concours d’agility, où il s’agit avant tout de franchir des obstacles ou exécuter des figures (slalom, saut…) Aucun tour ne semble rebuter le border collie, un chien qui a un besoin constant de stimulations intellectuelles et physiques, à la mesure de ses capacités.
Votre border collie ne se contentera pas d’être le chien le plus intelligent, il sera aussi le plus heureux du monde si vous lui accordez un maximum de temps et d’attention, en lui apprenant autant de tours différents que possible !
2. Le caniche
Chaque fois que vous êtes allé au cirque, vous avez vu un caniche exécuter des tours impressionnants ? Ce n’est pas un hasard si ce petit chien très joueur, ami des enfants et facile à dresser, est le numéro deux du palmarès ! Attention cependant, comme tous les chiens hyperactifs, il vous demandera, lui aussi, un maximum d’attention. Plus vous lui en apprendrez, plus il s’épanouira !
3. Le berger allemand
Le troisième chien le plus intelligent est aussi le chien préféré des Français… et des policiers. Compagnon fidèle et affectueux, ses excellentes facultés d’apprentissage doublées d’une grande sensibilité en font un atout hors pair dans des domaines aussi divers que l’assistance, la surveillance, la recherche… En contrepartie, les bergers allemands détestent être désœuvrés. Vous devrez attribuer au vôtre suffisamment de tâches pour lui éviter l’ennui !
4. Le golden retriever
Facile à éduquer, sociable et intelligent, le golden retriever est aussi doué pour guider les aveugles que pour amuser les enfants. D’un caractère docile et doux, il a toutefois besoin de beaucoup se dépenser physiquement.
5. Le doberman
Gardien inné, le doberman se distingue par son courage et son obéissance. Eduqué sans agressivité, c’est à la fois un très bon chien de garde et un compagnon affectueux. Très fidèle à son maître, d’un caractère sensible, il a besoin d’autant d’amour que de fermeté.
6. Le berger des Shetland
Comme tous les chiens de berger, le berger des Shetland est un animal protecteur et fidèle, qui tend à se méfier des étrangers. Ce compagnon idéal des enfants grâce à sa grande douceur est également capable d’assimiler des ordres de toutes sortes. Sous ses apparences tranquilles, il aime être bien occupé et apprendre des choses nouvelles.
7. Le labrador
Très proche du golden retriever, le labrador mérite de figurer dans ce palmarès grâce à sa capacité à réaliser des tâches complexes (assistance aux handicapés) et à son aptitude à réaliser de nombreux tours. C’est un chien sociable et affectueux, d’une grande force physique dont il n’a pas forcément conscience. Il importe donc de lui apprendre à se modérer, surtout s’il côtoie des enfants.
8. L’épagneul papillon
On reconnaît aisément l’épagneul papillon grâce à la forme de ses oreilles, qui lui ont donné son nom. Débordant d’affection, c’est un animal plein de douceur, capable de rendre leur sourire aux personnes les plus déprimées. Vous pourrez lui apprendre n’importe quel tour, pourvu que vous lui assuriez votre présence et votre attention constantes.
9. Le rottweiler
Classé parmi les chiens dangereux, le rottweiler n’en est pas moins très intelligent. C’est un animal qui, éduqué avec amour et mesure, est également capable de se montrer câlin et affectueux. Son flair exceptionnel et sa force physique associées à un grand courage en font un chien de garde et de recherche hors pair.
10. Le bouvier australien
Autrefois utilisé pour la surveillance du bétail, comme le berger des Shetland et le border collie, le bouvier australien est un chien à la fois intelligent et fidèle, qui ne supporte pas l’ennui.
Chien intelligent = capacité à obéir et… bien plus encore
Si ces dix chiens appartiennent à des races unanimement considérées comme les plus intelligentes par les spécialistes de la gent canine, le critère utilisé par Stanley Coren pour réaliser sa classification a été contesté par d’autres experts, qui considèrent que sa capacité à obéir ne peut pas être le seul critère permettant de mesurer l’intelligence d’un chien.
On peut toutefois noter que les chiens répertoriés parmi les 10 plus intelligents du monde, évoqués ci-dessus, ne se contentent pas d’être dociles et d’exécuter aveuglément les ordres qu’on leur donne. En effet :
- pour pouvoir exécuter un saut périlleux, encore faut-il pouvoir plier son corps aux directives reçues, en respectant – et donc comprenant – les différents enchaînements des figures…
- pour pouvoir guider un aveugle dans sa vie quotidienne, il est nécessaire d’avoir une intelligence aigüe du monde, d’être capable d’éviter les différents obstacles et donc de les identifier au préalable !
En d’autres termes, la capacité à obéir et à mettre un ordre en exécution ne vient jamais seule. Elle s’assortit de facultés élevées de compréhension, aussi bien du vocabulaire employé que des différentes situations. Si l’obéissance est la condition de base rendant un chien apte à recevoir une certaine éducation et à développer son intelligence, elle n’est en aucun cas le seul aspect sous lequel s’exprime cette intelligence !
La preuve avec Chaser, le chien le plus intelligent du monde…
Chaser est un border collie né aux Etats-Unis, utilisé par des chercheurs désireux de tester l’étendue des connaissances que peut avoir un chien. C’est surtout la mémoire de l’animal qui a été mise à l’épreuve, à travers l’apprentissage du nom de 1022 objets en 3 ans. Un pur record si l’on considère la performance de Rico, un autre border collie vivant, lui, en Allemagne, et qui avait réalisé en 2004 le tour de force d’apprendre 200 mots, ou encore de Betsy, résidant en Australie, qui connaissait plus de 300 mots. Un total correspondant, plus ou moins, au nombre de mots maîtrisés par… un enfant de 3 ans.
Etant donné l’étendue de son vocabulaire, Chaser serait donc à la fois beaucoup plus intelligent non seulement que ses congénères chiens, mais aussi qu’un enfant de 3 ans d’intelligence moyenne !
Et ce, d’autant plus que l’animal ne s’est pas limité à mémoriser le nom de 1022 jouets : il s’est montré également capable de les classer selon leur fonction (rouler, voler…) et leur forme (simple, complexe, ronde, carrée…). Egalant, là encore, les capacités intellectuelles d’un enfant de 3 ans.
Un entraînement sur mesure
Cependant, dans son apprentissage, Chaser n’a pas seulement fait preuve de l’excellence de sa faculté à obéir, et à enregistrer des ordres. En effet, le chien a été entraîné selon des critères assez exceptionnels d’apprentissage, du moins dans le monde canin, puisqu’il n’a jamais reçu de nourriture en guise de récompense de ses progrès, révélant par là des capacités d’apprentissage plus riches et plus complexes que chez la plupart de ses semblables.
Si le chien le plus intelligent du monde est certainement aussi l’un des plus obéissants, donc, son quotient intellectuel semble renfermer encore de nombreuses potentialités qu’il pourrait être intéressant d’exploiter dans le cadre du dressage.
Comment rendre son chien plus intelligent ?
Que votre chien appartienne, ou non, à l’une des races sélectionnées par Stanley Coren, vous pouvez certainement l’entraîner de façon à le rendre plus intelligent. A vous de savoir ce que vous attendez exactement de votre chien. Par contre, ne forcez pas le facteur génétique : quelle que soit l’éducation que vous lui donnerez, par exemple, un labrador ne deviendra jamais un bon chien de garde !
Pour rendre votre chien plus intelligent, par conséquent, vous devez avant tout tenir compte de son intelligence innée, c’est-à-dire des caractéristiques héréditaires de sa race. Ce sont ces mêmes caractéristiques que vous vous attacherez ensuite à développer, à travers un dressage sur mesure.
Par exemple, un caniche est naturellement souple, mais sera incapable de slalomer entre différents obstacles si vous ne lui montrez pas comment faire. Par contre, il apprendra probablement très rapidement à se sortir victorieux de ce genre de parcours. Vous pourrez ainsi corser la difficulté d’un slalom à un autre, afin de rendre votre chien de plus en plus performant et, parallèlement, développer ses capacités d’appréhension de l’espace.
Par contre, il est inutile d’essayer d’apprendre à un golden retriever d’en faire autant, vous perdriez votre temps tout en frustrant inutilement l’animal !
A vous, donc, de tirer parti des qualités innées de votre chien, afin de le rendre plus intelligent (ou plus ingénieux, plus habile, plus réactif…)
Pour rendre votre chien plus intelligent, respectez les principes suivants :
- N’en demandez pas trop à l’animal. Adaptez-vous à son rythme d’apprentissage, qui sera plus ou moins long selon la race et le type d’aptitude.
- N’essayez pas de lui inculquer à tout prix une qualité ou une aptitude pour laquelle il est peu porté naturellement (la vitesse ou l’agilité à un chien un peu pataud, la réactivité à un chien plutôt observateur…)
- Apprenez à votre chiot à vivre avec les autres. Les chiens considérés comme peu intelligents (aux réflexes lents, ou donnant de faibles signes de compréhension quand on leur ordonne quelque chose) sont souvent des toutous qui ont été mal socialisés.
Un chien peut-il être bête ?
Votre chien vous semble apathique, peu réactif, et vous parlez avec lui un véritable langage de sourds ? Rassurez-vous, votre toutou n’est pas bête pour autant. Scientifiquement parlant, en effet, le retard mental n’existe pas chez le chien.
Aussi, ne qualifiez pas trop vite votre chien de « bête ». Plutôt que d’un manque d’intelligence, il souffre probablement :
- D’un problème de santé. S’il n’obéit pas à vos ordres, votre compagnon à quatre pattes est peut-être affecté de surdité. Un chien à demi-aveugle ou privé d’une partie de son flair pour raisons physiologiques sera, logiquement, plus lent à réagir ou à obtempérer, aura des difficultés à se déplacer, etc. De plus, les problèmes neurologiques canins sont rares, mais leur éventualité n’est pas à négliger pour autant. Faites examiner votre chien s’il vous semble atteint de l’une de ces pathologies.
- D’une mauvaise éducation, ayant donné lieu à des problèmes comportementaux : l’animal est anxieux, stressé, agressif sans raison. C’est souvent le cas des chiens recueillis dans des refuges, qui ont été victimes de mauvais traitements ou ont été abandonnés. Votre chien n’est pas bête, il a simplement été traumatisé et ses facultés intellectuelles n’ont pas pu se développer correctement. A vous d’y remédier par une éducation adaptée, doublée de beaucoup de patience et d’amour.
Rappelez-vous que, tout instinctifs qu’ils soient, les chiens n’agissent jamais sans raison. Même si le comportement de votre petit compagnon vous déroute et vous échappe, il est forcément lié à une explication. A vous de la trouver afin d’aider l’animal à trouver son équilibre affectif, dont son intelligence est inséparable.
L’intelligence est-elle l’apanage des chiens de race ?
Votre animal est un bâtard ou de race croisée et vous vous demandez si c’est un chien intelligent ? Bien sûr que oui. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, l’intelligence n’est pas l’apanage des chiens de race… au contraire.
En effet, chaque race de chien possède des qualités bien déterminées : le flair chez le berger allemand, la douceur chez le labrador, l’agilité chez le caniche… Les chiens bâtards, eux, sont susceptibles de posséder beaucoup de ces caractéristiques, selon les hasards de la génétique et des croisements successifs !
La véritable différence entre un chien de race et un bâtard ? C’est qu’on connaît à l’avance les qualités du premier, et non du deuxième. Pour bien éduquer un bâtard, donc, vous devrez d’abord apprendre à déceler ses potentialités afin de lui programmer un apprentissage conforme à ses talents naturels.
Cependant, une fois que vous aurez appris à bien connaître votre chien, vous serez sans doute surpris par les trésors d’intelligence de ce dernier !
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