Bien qu’assez semblable à celle de l’homme, la digestion du chien présente cependant quelques différences. En effet, le chien étant un carnivore, son appareil digestif est essentiellement conçu pour digérer la viande, même s’il tolère également de petites quantités de céréales ou légumes. De plus, contrairement aux humains, les chiens sont rarement des gourmets… c’est-à-dire qu’ils mangent essentiellement pour survivre, accordant peu d’importance à l’étape de la mastication. Comme nous cependant, nos petits compagnons à quatre pattes peuvent être victimes de différents troubles d’origine digestive. Composition de l’appareil digestif, déroulement du transit, problèmes et pathologies gastroentérologiques, voilà tout ce que vous devez savoir sur la digestion du chien.
Quelles sont les caractéristiques de l’appareil digestif du chien ?
Comme chez l’homme, l’appareil digestif du chien se compose principalement de 7 organes : la bouche, l’œsophage, l’estomac, l’intestin, le foie, la rate et l’anus. Chacun d’eux a des caractéristiques et un rôle bien précis dans le processus de la digestion.
Découvrez-les un par un pour bien comprendre comment digère votre toutou !
La bouche
La cavité buccale du chien assure le premier contact de l’animal avec la nourriture, ainsi que deux de ses étapes fondamentales : la mastication d’une part, la déglutition de l’autre.
Elle se compose :
- De la langue, dont la consistance rugueuse est due aux papilles, qui permettent au chien de reconnaître la saveur de tel ou tel aliment
- Du palais, ou voûte palatine, doté d’une muqueuse en relief chargée de faciliter le passage des aliments vers l’œsophage.
- De l’épiglotte, dont le rôle consiste à obstruer le pharynx pour permettre au chien d’avaler.
- De la denture, constituée, à l’âge adulte, de 42 dents (12 incisives, 4 canines, 16 prémolaires, 10 molaires).
L’œsophage, l’estomac et l’intestin
Une fois mastiquée et déglutie, la nourriture est transmise à l’estomac par l’intermédiaire de l’oesophage, dont les muscles activent le transfert du bol alimentaire.
L’estomac du chien est de petite taille, mais son élasticité lui permet de s’adapter à la quantité d’aliments ingérés. Il reçoit le bol alimentaire, le pré-digère et l’envoie à l’intestin grêle qui, à son tour, le transmet au côlon.
Le foie
Très volumineux, le foie du chien a 4 fonctions :
- Il produit la bile (dont les acides contribuent à la digestion des matières grasses).
- Il nettoie l’organisme, en neutralisant les molécules toxiques qui seront ensuite éliminées par les reins et l’intestin.
- Il stocke les lipides et les glucides après les avoir transformés.
- Il synthétise les protéines du sang.
La rate
De même que le foie, la rate du chien est un organe multifonctions :
- Elle filtre parasites et cellules vieillissantes ou fragiles.
- Elle métabolise le fer et les lipides.
- Elle stocke les cellules sanguines et permet leur renouvellement dans l’organisme.
- Elle aide l’organisme à lutter contre les bactéries.
Le processus de la digestion du chien
Mastication, déglutition, transit, défécation… la digestion du chien se déroule en 4 étapes.
La mastication
On dit qu’un chien mastique quand il effectue des mouvements de mâchoires lui permettant de broyer l’aliment avec ses dents. Ce dernier s’imprègne de salive qui, grâce aux enzymes qu’elle contient, aide à la formation du bol alimentaire. Première étape de la digestion, la mastication est essentielle car elle permet à une meilleure assimilation des aliments. Cependant, à cause de douleur à la mâchoire, de poussée dentaire ou tout simplement de trop de hâte, certains chiens peuvent tendre à avaler les aliments sans les mâcher. Remédiez-y de la façon suivante :
- Si l’absence de mastication du chien est due à une cause physiologique (chiot qui « fait » ses dents, douleurs dentaires ou articulaires), nourrissez essentiellement votre toutou d’aliments liquides jusqu’à ce que les choses rentrent dans l’ordre.
- Si c’est l’animal qui est trop vorace ou pressé, apprenez-lui à manger plus calmement. Divisez ses repas en de petites portions et incitez-le à les prendre tranquillement, dans un endroit isolé de l’agitation de la maison.
La déglutition
Autre moment important et condition fondamentale d’une bonne digestion, la déglutition advient quand le chien avale l’aliment mâché et partiellement broyé, le faisant passer vers l’œsophage qui, à son tour, le conduira dans l’estomac :
- L’aliment est projeté par la langue vers l’arrière de la cavité buccale tandis que, simultanément, le pharynx se contracte et l’épiglotte ferme le passage vers le larynx afin de bloquer la respiration.
- L’animal relève la tête et tend le cou pour faciliter le passage de l’aliment.
Deux problèmes peuvent se poser au moment de la déglutition :
- La « fausse route », c’est-à-dire la projection d’une petite partie de salive ou d’aliments mâchés vers la trachée. Très rarement, ce genre d’incident est dû à trop de hâte dans la déglutition et, encore plus rarement, à une malformation physique. Le risque de fausse route est plus élevé dans le cadre d’une anesthésie, c’est pourquoi il est recommandé de laisser le chien à jeun avant toute intervention chirurgicale.
- La régurgitation, due à des difficultés à faire passer le bol alimentaire de la cavité buccale vers l’œsophage, parfois en cas de tumeur, d’autres fois à cause d’une déglutition trop rapide ou encore de contractions de l’œsophage, généralement d’origine nerveuse.
Si vous constatez la manifestation fréquente de l’un ou l’autre de ces deux phénomènes chez votre chien, parlez-en à votre vétérinaire, qui procédera à un examen complet de la cavité buccale et de l’œsophage afin d’en déterminer la cause. Dans les cas les plus préoccupants, une radio pourra être effectuée pour détecter la présence d’une tumeur ou d’une malformation.
Le transit
Le transit du chien se déroule en deux temps :
- Le transit gastrique : une fois parvenu dans l’estomac, le bol alimentaire mastiqué, imprégné de salive, se mélange aux sécrétions gastriques qui vont permettre à l’animal de digérer les protéines ingérées. Les aliments ainsi brassés et traités poursuivent ensuite leur route vers l’intestin grêle (par l’intermédiaire du pylore).
- Le transit intestinal : il est assuré par la contraction naturelle des muscles de l’intestin, qui achemine les nutriments tout au long de l’intestin grêle, puis du côlon, jusqu’à l’étape finale de la digestion qui est la défécation. C’est dans le duodénum (la première section de l’intestin grêle) que sont absorbés une grande partie des nutriments : les glucides et les protéines (grâce à l’amylase pancréatique) et les lipides (par la lipase pancréatique).
La défécation
Un chien en bonne santé défèque généralement 2 à 3 fois par jour, après un repérage olfactif du sol. L’émission de selles lui sert non seulement à éliminer les résidus des aliments absorbés, comme chez l’homme, mais aussi à marquer son territoire et à exprimer ses émotions. On distingue ainsi :
- Les défécations physiologiques (émises généralement 4 à 12 heures après le repas, au moment de la promenade).
- Les défécations émotionnelles (émises en réponse à une émotion négative, par exemple de l’anxiété pendant une séparation).
- Le marquage fécal (les selles sont laissées à un endroit significatif pour le chien, généralement fréquenté par d’autres animaux).
Deux problèmes peuvent se poser au chien au niveau de la défécation :
- La constipation (dont nous traitons plus loin).
- L’incontinence fécale (assez rare, surtout typique du chien âgé et affecté de troubles neurologiques).
Combien de temps un chien met-il à digérer ?
La durée de la digestion d’un chien est très variable (elle peut prendre de 4 à 14 heures) et dépend principalement de deux facteurs : l’âge du chien d’une part, et la nature et la qualité de l’alimentation de l’autre.
La durée de la digestion du chiot
Pendant les six premiers mois de la vie du chien, la digestion est particulièrement rapide. Elle prend entre une demi-heure et une heure, c’est pourquoi les jeunes chiots mettent parfois quelques mois avant d’être capables d’attendre l’heure de la promenade pour faire leurs besoins ! Si c’est le cas du vôtre, ne le brusquez pas. Sa rapidité de défécation est due à un facteur physiologique et est, pour l’instant, indépendante de sa volonté. Pour éviter les « incidents » à la maison, tâchez de le faire sortir dans l’heure suivant l’absorption de son repas.
La durée de la digestion du chien adulte
Une fois devenu adulte, le chien mettra 8 heures en moyenne pour digérer un repas. Cependant, la durée de la digestion fluctue selon la nature des aliments ingérés :
- Pour des aliments carnés (pâtée, boulettes de viande…), la digestion durera de 6 à 8 heures.
- Pour des aliments secs (croquettes), elle pourra prendre jusqu’à 12 heures.
Bon à savoir : plus les aliments que vous donnerez à votre chien seront sélectionnés en fonction des réels besoins alimentaires de ce dernier, mais aussi pour leur qualité, plus la digestion de l’animal sera aisée, donc rapide.
Quels sont les troubles digestifs du chien ?
Cependant, la digestion n’est pas toujours un long fleuve tranquille. Comme les humains, les chiens peuvent être la proie de différents troubles digestifs. Comment se manifestent-ils ? Quels en sont les symptômes ? Et comment les soigner ?
Les différents troubles digestifs canins
Parmi les troubles digestifs dont votre chien souffrira peut-être au cours de sa vie, on distingue les pathologies propres à la gente canine de celles couramment répandues parmi l’ensemble des mammifères, dont l’homme :
- Des diarrhées et vomissements peuvent survenir à la suite de l’ingestion d’un aliment inapproprié, d’un excès alimentaire ou encore en raison d’une pathologie plus sérieuse, comme une tumeur ou un parasite ; parmi les maux les plus répandus, citons aussi la constipation, due à des causes diverses.
- En revanche, le pica (le fait de manger des substances non nourrissantes, comme de la terre ou de l’herbe) est une maladie spécifique au chien, de même que les grands chiens trop gloutons ne sont pas à l’abri d’une torsion de l’estomac (nécessitant une intervention immédiate).
Comment soulager mon chien constipé ?
Un chien qui ne fait plus ses besoins, ou qui éprouve des difficultés lors de la défécation, doit d’abord vous amener à vous interroger sur les causes de cette constipation. Elles peuvent être diverses, des plus bénignes au plus graves :
- Le manque d’exercice physique : des habitudes sédentaires peuvent être nocives pour le bon déroulement de la digestion de votre chien, et bloquer le transit. Incitez-le à se remuer le plus souvent possible en multipliant les propositions de jeux et de promenades.
- Une alimentation trop pauvre en fibres ou en eau. Dans ce cas, effectuez les rectifications qui s’imposent dans le menu quotidien de votre chien ! Misez notamment sur quelques légumes cuits supplémentaires, et veillez à ce que la gamelle de l’animal soit toujours remplie d’eau.
- Un blocage de nature psychologique : les chiens trop nerveux, ou qui sont perturbés par un brusque changement dans leurs habitudes, peuvent présenter des épisodes de constipation. Entourez-le de plus de soins et d’affection que d’habitude, jusqu’au retour à la normale.
- Certains médicaments, comme les antihistaminiques ou les diurétiques, ou une opération chirurgicale récente, sont susceptibles de ralentir momentanément le transit.
- Plusieurs pathologies peuvent induire une tendance à la constipation : l’hypothyroïdie, certaines maladies neuromusculaires, la dilatation permanente du côlon, une hernie ou encore un rétrécissement de l’anus dû à une présence tumorale. Dans ce cas, la constipation sera chronique et s’accompagnera d’autres symptômes inhabituels, comme du sang dans les selles, un ventre gonflé, un appétit en berne ou encore des manifestations neurologiques…
Bon à savoir : on parle de mégacôlon quand le gros intestin est tellement dilaté qu’il empêche le passage des selles, lesquelles tendent à s’accumuler et à créer un bouchon. Ce phénomène est généralement dû à une malformation congénitale mais parfois aussi, tout simplement, à un manque d’exercice.
Attention également à l’ingestion d’objets étrangers, c’est l’une des causes possibles d’une constipation soudaine.
Mon chien vomit ou a la diarrhée, que faire ?
Deux choses : premièrement, mettez-le à la diète, pendant au moins 48 heures. Deuxièmement, observez-le. Les symptômes devraient se résorber d’eux-mêmes. Si ce n’est pas le cas, c’est sans doute qu’une maladie plus grave se cache derrière ces manifestations en soi peu alarmantes. Un cancer de l’estomac ou du colon, une pathologie parasitaire ou encore une infection en cours peuvent, en effet, se manifester par des troubles digestifs en apparence banals.
Quand faut-il s’alarmer ? Si les diarrhées et/ou vomissements ne passent pas au bout de deux jours de diète, s’ils sont récurrents, sanguinolents ou dégagent une odeur fécale (signalant une probable occlusion intestinale).
Mon chien mange n’importe quoi, comment réagir ?
Le pica du chien, ou la tendance de l’animal à absorber tout ce qui passe devant son museau (surtout ce qui n’est généralement pas comestible, comme des cailloux ou du tissu…) peut avoir 3 causes :
- Des carences en vitamines.
- La présence d’un vers dans son appareil digestif.
- L’ennui ou la dépression.
Pour savoir comment soigner le pica de votre toutou, donc, vous devez d’abord comprendre à quoi il est dû. Faites-vous aider d’un vétérinaire :
- dans les deux premiers cas, il sera nécessaire de suppléer à la carence en vitamine ou d’éliminer le parasite responsables de la gloutonnerie incontrôlée de votre chien.
- Dans le deuxième, la démarche sera sans doute plus complexe puisque vous devrez d’abord comprendre le mal-être de votre petit compagnon à quatre pattes pour y remédier. Se sent-il seul, est-il perturbé suite à un déménagement, l’arrivée d’un enfant ou d’un autre animal dans votre foyer ?
Un professionnel vous aidera à vous poser les bonnes questions et à leur donner une réponse appropriée.
Au secours, mon chien a une occlusion intestinale…
L’occlusion intestinale chez le chien, ou l’impossibilité de déféquer à la suite d’un blocage des selles dans l’intestin, peut survenir :
- Au niveau de l’intestin grêle : auquel cas, elle se manifeste par des vomissements caractérisés à la fois par leur abondance et leur odeur fécale. Quelques diarrhées liquides peuvent se manifester.
- Au niveau du côlon : les vomissements sont moins fréquents et abondants, par contre la douleur abdominale est plus forte, contraignant le chien à se plaquer contre le sol pour se soulager. Des selles liquides et sanguinolentes peuvent être émises.
Les causes de l’occlusion intestinale sont variées, et leur identification sera déterminante pour le traitement :
- L’ingestion d’un corps étranger peut provoquer une occlusion intestinale. Dans ce cas, le vétérinaire fera absorber une substance lubrifiante au chien afin de permettre l’expulsion naturelle de l’objet. Si c’est impossible, il devra intervenir chirurgicalement sous la forme d’une entérotomie (qui consiste à ouvrir l’intestin pour en ôter l’intrus).
- La fermeture d’un segment de l’intestin due à une anomalie congénitale, ou un phénomène de compression lié à une hernie, une adhérence ou une invagination. L’intervention chirurgicale est alors indispensable. Dans ce cas, on parle d’entérectomie (le segment abîmé est ôté).
- La présence d’une tumeur dans l’intestin ou d’une inflammation qui obstrue le passage des aliments. Ici aussi, le vétérinaire procédera à une entérectomie afin d’éliminer la paroi intestinale affectée par la pathologie en question.
Quand faut-il s’alarmer ? Dès que vous constatez que votre chien souffre de façon anormale, que son ventre est douloureux, ou que du sang apparaît dans ses selles. Emmenez-le immédiatement chez le vétérinaire le plus proche, qui procédera à une échographie ou à une radio pour constater et localiser l’occlusion avant d’intervenir.
La torsion de l’estomac chez le chien
La torsion de l’estomac provient d’un excès de gaz qui provoque la rupture du ligament soutenant l’estomac et entraîne, par là, un mouvement de rotation. Le chien gémit, donne des signes de douleurs abdominales fortes, son estomac gonfle à vue d’œil. Les vomissements sont rares car ils sont gênés par le processus de contorsion. Il est donc nécessaire de vider chirurgicalement l’estomac, de le décompresser et surtout de le fixer à la paroi abdominale en vue d’éventuelles récidives.
Deux types de chiens sont particulièrement exposés au risque d’avoir une torsion de l’estomac :
- Les toutous de tempérament particulièrement nerveux.
- Les chiens de grande race (berger allemand, danois, saint-bernard…).
C’est le cas du vôtre ? Soyez particulièrement vigilant. En effet, non seulement la torsion de l’estomac est très douloureuse mais, non traitée à temps, elle peut également être mortelle. Aussi, si votre chien est concerné par le risque de torsion, l’adoption de mesures préventives s’impose :
- Surveillez étroitement l’alimentation de votre chien (évitez les trop gros apports en aliments gazogènes ou gonflants comme les croquettes ou les soupes, ou encore les aliments riches en sucre).
- Fractionnez les repas afin de lui éviter d’absorber de trop grosses quantités de nourriture en une seule fois et arrangez-vous pour faire manger votre toutou dans une atmosphère tranquille.
- Surtout, une fois son repas terminé, laissez-lui le temps de le digérer : tout exercice violent est vivement déconseillé.
La digestion du chien n’est pas anodine. Quel est donc le meilleur moyen d’assurer à votre chien une digestion sans histoire ? C’est de prendre soin de lui au quotidien, non seulement en choisissant soigneusement les aliments que vous déposez dans son assiette et en respectant un rythme alimentaire bien régulier, mais aussi en le vermifugeant au moins quatre fois par an (une fois par mois pour les chiots jusqu’à 6 mois) afin de le protéger contre les nombreux parasites qui le guettent !
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